"Très à l'aise, Anne Hidalgo préside cette séance du conseil de Paris consacrée à ce qu'elle appelle
non sans un certain
humour "débat sur l'affaire prioritaire relative au contrat de l'eau". Cette ancienne inspectrice du travail (c'est du moins
ce qu'elle met en avant dans son CV) va faire entériner un an de négociations secrètes entre la nouvelle majorité
municipale et les deux marchands d'eau dans la capitale, Véolia et Suez. En l'absence du maire à cette heure tardive, la
première adjointe préside les débats. C'est le règlement. Certes.
La majorité de gauche ne cherche pas des poux dans
la tête de la maire bis. Soit. Mais les conseillers d'opposition de droite ont eux la mémoire courte, ou préfèrent se taire.
Avant d'être nommée, en 1997, conseiller technique au cabinet de Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la
Solidarité, Anne Hidalgo a été pendant deux ans chargée de mission auprès du directeur du personnel de la
Compagnie générale des eaux. Elle y a croisé Jean-Pierre Frémont, engagé en octobre 1997, lui aussi, comme
chargé de mission de la filiale CGEA (Compagnie générale d'entreprise automobile), en charge des secteurs propreté
et transports collectifs. Elu conseiller de Paris dans le XVème arrondissement comme Anne Hidalgo, l'UDF Jean-Pierre
Frémont occupe aujourd'hui les fonctions de directeur des collectivités publiques à Veolia Water, filiale de Veolia
Environnement (nouveau nom de l'ex-Générale des eaux à sa sortie de l'orbite de Vivendi Universal).
A l'inverse de la
première adjointe, le conseiller Frémont préfère sécher le débat sur l'eau en ce soir du 15 décembre 2003. Cet ancien
conseiller chargé de la communication de François Bayrou au ministère de l'Education nationale la joue toujours discrète.
Il occulte soigneusement le nom de son employeur dans son curriculum vitae, où il se dit simplement cadre supérieur.
Secret de polichinelle au conseil de Paris ? Nous l'avons appris apparemment à plusieurs élus Verts et PS de cette
assemblée. Mais aucun conseiller de gauche n'en souffle mot par peur de devenir l'arroseur arrosé, compte tenu des
états de service d'Anne Hidalgo...
Le 16 juin 2003, Bertrand Delanoë ira même jusqu'à faire applaudir en séance la
nomination de Jean-Pierre Frémont au grade de chevalier dans l'ordre national du Mérite. La justification de cette
double casquette, Jean-Pierre Frémont la donne sans complexe, en tant que cadre supérieur de Veolia Environnement
: "Pour des hommes et des femmes passionnés par leur métier, l'échange et le partage d'informations et des
préoccupations sont sources d'enrichissement...
La Générale des Eaux est souvent sollicitée par le monde politique, et
nous avons toujours répondu présents dans un souci d'explication et de partage d'informations." Aujourd'hui directeur
des collectivités publiques chez Veolia, le même Jean-Pierre Frémont se garde bien de faire de la publicité à un
document dit son service intitulé Le mouvement altennandialiste, quelles réponses ?
Rédigé officiellement par l'un de
ses adjoints, l'ancien député PS de Lorient, Pierre Victoria, cette note à usage interne de 27 pages explique en 17 points
comment contrer les arguments des ONG et des écologistes qui demandent la remunicipalisation de l'eau dans les villes
et villages de l'Hexagone. Exactement le genre de débat que la mairie de gauche parisienne ne souhaite pas voir porté
sur la place publique".
Source: L'empire
de l'Eau,Yvan
Stefanovitch, Éditeur
Ramsay
Vilo
Diffusion
ISBN
2-84114-731-2
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire