dimanche 7 juillet 2013

Petite leçon de démocratie britannique à l'attention de l'UMP

Jean-François Copé a fait preuve d'une candeur inattendue en déclarant, à l'occasion des glorieuses primaires de l'opposition à Paris : « à l'UMP, nous apprenons la démocratie, c'est assez nouveau ». Dans son stage de formation à la démocratie, le récemment confirmé chef de l'UMP serait avisé d'aller jeter un œil aux pratiques du plus ancien régime parlementaire du monde, de l'autre côté de la Manche.  

Les grandes formations politiques britanniques sont ces temps-ci, en plein travail de sélection de leurs futurs candidats pour les prochaines élections parlementaires de 2015. Ce processus, qui se résume en France à quelques amitiés bien placées, des conciliabules d'officine et des crises de dernière minute, est pris très au sérieux au pays de Sa Majesté. Chacun peut se porter candidat à la candidature, et se lancer dans une longue course d'obstacles, ouverte et compétitive.
A droite, un concours pour trier les candidats

Prenons par exemple les Conservateurs (le parti de droite traditionnel). Tout candidat potentiel envoie d'abord sa lettre de motivation et son CV au siège du parti, afin d'évacuer les fantaisistes. Il est ensuite soumis à un véritable examen, le Parliamentary Assessment Board, où il doit prouver durant six heures ses capacités de réflexion (via une courte dissertation), ses talents oratoires, ainsi que sa capacité à répondre à des interviews, à participer à une discussion de groupe et même à gérer un dossier administratif. Des experts font partie du jury aux côtés des grandes figures du parti au niveau national. On peut imaginer qu'une telle épreuve permettrait, en France, d'éliminer des candidats qui citent Zadig et Voltaire comme leur livre de chevet, où qui font des fautes d'orthographe au moindre tweet. 
Ce n'est que le début. Ceux qui ont réussi leur écrit passent ensuite un premier oral, d'environ une demi-heure, devant les responsables locaux du parti. Une dizaine sont sélectionnés. Ils peuvent alors commencer leur campagne publique pour convaincre la masse des militants de la circonscription de voter en leur faveur. Après plusieurs semaines, une primaire (« Big Event »), qui inclut une séance de questions-réponses avec l'assistance, départage les candidats. Le vote doit se poursuivre jusqu'à ce que l'un des candidats obtienne plus de la moitié des suffrages. Voilà qui, en France, devrait être largement suffisant pour éliminer la plupart des Ministres parachutés.


Gaspard Koenig dirige le think-tank GenerationLibre. Il est l'auteur de romans et d'essais (dernier livre paru : La Nuit de la Faillite, éditions Grasset)

La suite : La Tribune.fr

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