C'est une brillante jeune fille, en tête de sa classe en hypokhâgne. Anna, née à Saint-Pétersbourg il y a bientôt 19 ans, aimerait bien pouvoir se concentrer sur ses examens. Mais alors que ses parents, immigrés en France et installés dans les Yvelines depuis 2004, ont obtenu leurs papiers assez facilement, l'étudiante attend toujours sa naturalisation française. Et si l'on en croit les policiers qui lui ont fait subir, en septembre, un interrogatoire édifiant, elle n'aurait pas tout à fait le profil idéal.
Dans une longue lettre de motivation pour obtenir sa naturalisation, Anna indique qu'elle «(s')intéresse à la vie politique de (son) pays» et qu'elle a déjà participé à «un meeting» et à «des manifestations». Il n'en fallait pas plus pour qu'elle fasse l'objet d'une attention toute spécifique de la Sous-direction de l'information générale (SDIG, ex-RG) des Yvelines. «Vous être de droite, je présume!», attaque le policier dès l'entrée de la jeune fille dans son bureau du commissariat de Viroflay. «Ils m'ont même demandé si j'allais à la messe!», raconte la jeune orthodoxe. «Est-ce que vous êtes allée à la Manif pour tous? Et vos amis de prépa? Et ceux de votre ancien lycée versaillais?», mitraillent un major et son commandant.
Les policiers laissent planer la menace d'un «avis défavorable». «À moins que, pour montrer votre bonne foi, vous ne donniez des noms précis de gens qui participent à la Manif pour tous…, lâchent-ils. Et que vous n'alliez, jeudi 10 octobre prochain, aux Veilleurs, à Versailles…»
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