Imaginons un monde un peu étrange, où l’Etat aurait décidé, dans les années 30, de limiter le nombre de livreurs de pizzas. Dans ce monde, seuls sont autorisés à répondre à une commande téléphonique ceux qui sont propriétaires d’une «licence de livraison», ou qui ont loué celle-ci à une société qui en détient. La demande pour des pizzas ayant beaucoup augmenté dans les années récentes, le prix de la licence a fortement augmenté ; les propriétaires, qui ont dû parfois s’endetter pour acheter la licence, la louent également de plus en plus cher ; les livreurs travaillent de nombreuses heures pour payer leur loyer, avant de dégager un maigre revenu.
Mais comme elle date des années 30, la réglementation ne s’applique qu’aux commandes par téléphone. Alors que les smartphones se diffusent au sein de la population, quelques entrepreneurs du Net proposent de mettre en relation fabricants de pizzas et clients affamés par l’intermédiaire d’applications dédiées. Que croyez-vous qu’il arrivât ? Les propriétaires de licences de livraison, furieux contre cette menace, exercent un lobby intensif auprès des pouvoirs publics, exigeant que les pizzas commandées par smartphone attendent une demi-heure avant d’être livrées. Le gouvernement hésiterait : faut-il courir le risque d’une grève, ou céder aux pressions ?
Faut-il entendre les entreprises innovantes, qui prétendent créer des centaines d’emplois, ou les acteurs anciens, qui dénoncent cette concurrence «déloyale» ?
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