Il est 22h, gare du Nord. "Elle" rentre du travail, et attend le RER E. Les passagers se font rares en station. Le train tarde à arriver. Après de longues minutes, la rame est enfin là. Quelques jeunes montent au moment où les portes se referment. Installée sur une banquette dans la pénombre, elle se fait toute petite pour ne pas attirer l'attention, et plonge la tête dans un magazine. Quelques feuilles de papier glacées censées la protéger le temps du trajet. Elle a déjà connu les invectives, les moqueries, et ne veut plus lire la presse où il n'est question que de nouvelles agressions dans les transports.
"Elle" se prénomme Alexandra, Samia ou Maria. Elle a 25 ans, 45 ou 60. Elle prend le RER ou le métro, tous les jours. Aller et retour, de chez elle au travail et du travail à chez elle. Le sentiment d'insécurité, elle connaît. Il est là, obsédant, qui la suit depuis des années, lors de chaque trajet. Comme il suit toutes les autres femmes qu'elle croise chaque jour.
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